L’histoire de l’économie a été marquée par de nombreux courants et pensées économiques qui, encore aujourd’hui, s’affrontent pour offrir leur vision de la société. Idéologique, sociale, pragmatique, les conceptions économiques sont nombreuses. Nous vous proposons un petit tour d’horizon de l’histoire de la pensée économique, résumé autour de ces grands mouvements.
- La première révolution économique : elle est marquée par le passage du nomadisme à la sédentarisation avec deux facteurs clés : la naissance de l’agriculture et la création de structure urbaine. Ces facteurs ont été favorisé par l’émergence de technique nouvelle telle que la roue, l’écriture ou la spécialisation du travail, ce qui aura pour conséquence la naissance de la propriété
Repère chronologique : prépondérance de la religion catholique dans la vie sociale du Moyen-Age européen
L’économie au Moyen Age
Au Moyen-Âge, l’économie repose principalement sur l’agriculture. A partir du XIIe siècle, il y a une légère progression de l’artisanat, notamment avec le développement des foires du nord et des grands ports italiens de Venise et Gênes. Néanmoins, l’économie médiévale est construite sur les préceptes suivants :
- Méfiance vis-à-vis de la richesse
- Condamnation de l’usure
- Exaltation du travail
- Propriété privé et devoir
- Juste prix : la loi de l’offre et de la demande est connue mais elle est rejetée comme immorale
Pourtant à la fin du Moyen-Âge, il est observé une transformation économique et sociale, faisant entrer l’Europe dans le pré-capitalisme, sous l’impulsion de l’idole Argent.
Repère chronologique : première expansion colonisatrice de l’Europe (16e et 17e siècle) et triomphe de la monarchie absolue.
L’économie à l’époque moderne
- Le mercantilisme s’appuie sur la quête de l’or. Pour les mercantilistes, un état puissant est un état qui a de l’or, l’or étant la seule vraie forme de richesse. D’un point de vue économique, le mercantilisme s’appuie sur 3 facteurs : la recherche de la puissance de l’État, le protectionnisme de l’État et l’abondance en hommes.
- La physiocratie est la première école économique et elle se développe en France au 18e siècle. Ayant pour maître à penser le médecin et économiste François Quesnay (1694 – 1774), les physiocrates font l’éloge de la terre car, selon eux, toute richesse provient de la nature. D’ailleurs la physiocratie signifie « gouvernement de la nature ». Pour ce courant de pensée économique, seule la Terre est source de valeur, l’industrie et le commerce étant des secteurs stériles ne faisant que transformer et mettre en circulation les produits agricoles et miniers.
- Le courant classique prône la défense du libre échange et du libéralisme économique. Alors que se développent la société industrielle et le capitalisme, les classiques souhaitent un interventionnisme de l’État limité au stricte minimum pour garantir le bon fonctionnement du marché. Les économistes dits classiques considèrent la spécialisation des talents comme facteur de prospérité des nations. Les grands théoriciens de ce courant sont Adam Smith (1723 – 1790), Jean Baptiste Say (1767 – 1832) ou encore David Ricardo (1772 – 1823).
Repère chronologique : la révolution industrielle à partir de 1840 avec le boom ferroviaire aura des répercussions sur l’agriculture, l’économie, le droit, la politique, la société et l’environnement.
L’économie au XIXe siècle
- Le marxisme : la théorie marxiste repose sur un homme Karl Marx (1818 – 1883), connu pour conception matérialiste de l’histoire. Karl Marx est un grand opposant au courant classique et au capitalisme. La pensée économique marxiste de Karl Marx est une économie du développement et de la régulation. Le point de départ de l’analyse marxiste est sa théorie de la valeur travail. Karl Marx est aussi un théoricien de la révolution qui doit mener à la dictature du prolétariat et à l’appropriation collective des moyens de productions.
- L’école néoclassique : pour contrer la valeur travail chère à Karl Marx, les néoclassiques adoptent la valeur marchandise, basée sur sa rareté et de son utilité. Les théoriciens néoclassiques sont Carl Menger (1840 – 1921), William Stanley Jevons (1835 – 1882) ou encore Léon Walras (1834 – 1910) et ils jettent les bases de la science économique. Avant les néoclassique, la pensée économique était une analyse politique, sociale et sociétale mais avec ce nouveau courant de pensée, l’économie devient une science économique qui s’appuie sur les mathématiques. Avec cette approche, l’économie doit aboutir à la maximisation de la production, avec un culte de la croissance devant amener naturellement le bien-être des uns et le profit des autres.
Repère chronologique : Le Krach du 24 octobre 1929 entraîne le monde dans la Grande Dépression, période de grande crise économique jusqu’à la seconde guerre mondiale. Dans les années 1930, il y a une forte déflation et une explosion du chômage.
L’économie au XXe siècle
- Le courant Keynesien : Né en 1883, la même année que le décès de Marx, marqué par la grande dépression de 1929, le lord anglais John Maynard Keynes (1883 – 1946) donnera son nom à ce courant économique. Keynes vient troubler la sérénité néoclassique même s’il estime la pensée marxiste comme fausse et périmée. Souvent considéré comme l’économiste le plus important du XXe siècle. Keynes théorise l’interventionnisme public dans l’économie et invente la macroéconomie. Selon lui, un marché autorégulé, livré à lui même, engendre crises et dépressions. Si on peut résumer la pensée économique keynesienne, c’est une alchimie subtile entre marché et intervention publique, ce qui met fin au laisser faire des libéraux.
- Le Néolibéralisme : démontrent l’inefficacité des politiques macroéconomiques. La doctrine des néolibéraux est un libéralisme économique qui dénonce l’État-providence et son interventionnisme dans l’économie, promeut l’économie de marché pour la liberté de l’individu et le développement économique, souhaite la dérégulation des marchés, pour qu’il s’autorégule lui-même, et la disparition du secteur public au profit du privé.
- L’école institutionnaliste : cette école économique met l’accent sur l’importance des institutions et des faits socio-culturels dans la réalité économique. Les fondateurs de la famille institutionnaliste sont Joseph Schumpeter (1883 – 1950) ou Thorstein Veblen (1857 – 1929), plus sociologue qu’économiste.
Repère chronologique : Après la seconde guerre mondiale, le débat économique se cristallise autour de l’opposition entre néolibéraux et Keynesiens.
Depuis la seconde guerre mondiale, les oppositions sur la pensée économique sont toujours vives. Mais elles s’appuient principalement sur la définition de modèles reprenant les principales idées des 3 grands courants de la pensée économique que sont le libéralisme (avec les classiques et les néolibéraux), le keynésianisme et le marxisme. Aujourd’hui, il existe de nombreuses mouvances économiques dont voici quelques exemples :
- L’école monétariste : fondée par Milton Friedman (1912 – 2006), cette école conteste les travaux de Keynes, affirmant l’inefficacité de la politique monétaire comme moyen de relance de l’économie. Libérale dans sa vision économique, cette école estime que le marché est autorégulateur et que tout intervention publique est nocive. L’école monétariste est favorable à l’émission de monnaie à taux constant et estime la lutte contre l’inflation comme prioritaire, car étant une sorte d’impôt masqué réduisant le pouvoir d’achat. Pour Friedman, l’émission de monnaie ne permet pas de stimuler l’économie mais, au contraire, engendre une augmentation des prix si l’accroissement de monnaie dépasse le rythme de la production.
- Les nouveaux keynésiens : ils ne croient pas à l’équilibre du marché avec la loi de l’offre et de la demande, à l’inverse des classiques. A la macroéconomie keynésienne, les nouveaux keynésiens se concentrent sur la microéconomie et notamment la question des salaires. Ils exposent ainsi la théorie des salaires d’efficience, qui encourage les employeurs à bien payer leurs salarié pour augmenter leur productivité mais qui incite les employeurs à peu embaucher et suscite du chômage.
- L’école de l’offre : Avec son chef de file, Arthur Laffer (1940 – …), cette école est à l’origine de la formule « trop d’impôt tue l’impôt ». Ce courant économique insiste sur les effets désincitatifs de la fiscalité et préconise la baisse des impôts sur les plus riches ainsi que la suppression des prestations sociales
- Les nouveaux classiques : Ils ne reconnaissent l’utilité de l’État que dans peu de domaines, dont l’éducation, qui doit stimuler la croissance (théorie du capital humain). Les principaux représentants des nouveaux classiques, qui remettent au goût du jour le courant de pensée classique, sont le prix Nobel d’économie 1995, Robert Lucas (1937 – …), Finn Kydland (1943 – …) et Edward C. Prescott (1940 – …).
Bibliographie :
- Comprendre les économistes – Les Dossiers d’Alternatives Economiques – Hors Série de septembre 2016
- L’économie pour les nuls – Michel Musolino, professeur d’économie – First Editions
- https://www.economie.gouv.fr/facileco/courants-pensees
- https://www.leaders.com.tn/article/13997-comprendre-les-grands-courants-de-la-pensee-economique